Le Jugement des Trois Hommes
Trois hommes se tenaient devant les dieux dans la Salle des deux Maât, en attente de leur dernier jugement. On convoqua le premier homme et Djehouty lui demanda : « Qu’as-tu à dire pour te défendre ? »
L’homme répondit : « J’ai des centaines de domestiques et on m’a accordé des postes à grande responsabilité. Quand je dis à mon domestique de faire quelque chose, il le fait. Quand j’ordonne qu’on emprisonne un homme, il va en prison. J’ai emmené cent ushabti (domestiques) pour qu’ils travaillent au Paradis. En vérité, seul le pharaon est plus puissant que moi ! »
Alors, Anubis posa le cœur de l’homme sur un plateau de la balance sacrée de Maât et une plume sur l’autre plateau. Quand le cœur lourd de l’homme fit pencher la balance de son côté, Djehouty annonça le verdict : « Ô méchant homme ! Aucun mortel n’a de pouvoir ici et le pouvoir que tu as parmi les mortels ne peut rien pour celui qui se tient devant les dieux. Ton cœur te trahit. Tu as accusé des innocents et semé le désordre dans le peuple d’Amon-Rê avec tes mensonges ! Ammout, tu peux dévorer le cœur de ce pécheur ».
Alors, Ammout se leva d’un bond et dévora le cœur de l’homme.
Ensuite, Djehouty appela le deuxième homme et lui demanda : « Qu’as-tu à dire pour te défendre ? »
Le deuxième homme répondit : « Je possède beaucoup de têtes de bétail dans mes grandes fermes, où je récolte plus de céréales que n’importe qui d’autre. Si les dieux me laissent accéder à Aarou, je leur donnerai la moitié de tout ce que je possède. J’ai apporté cent têtes de mon plus beau bétail pour les élever au Paradis. Seul le pharaon est plus riche que moi ! »
Alors, Anubis posa le cœur de l’homme sur un plateau de la balance sacrée de Maât et une plume sur l’autre plateau. Quand le cœur lourd de l’homme fit pencher la balance de son côté, Djehouty proclama le verdict des dieux : « Ô homme maléfique ! Tes richesses terrestres ne te seront d’aucun secours dans le domaine des dieux. Aucun homme ne peut soudoyer les dieux avec des possessions matérielles qu’ils revendiquent déjà. Ton cœur te trahit. Tu as volé des têtes de bétail et moissonné des terres qui ne t’appartenaient pas ! Ammout, tu peux dévorer le cœur de ce pécheur. »
Alors, Ammout se leva d’un bond et dévora le cœur de l’homme.
Ensuite, Djehouty invita le troisième homme à avancer et demanda à l’homme : « Qu’as-tu à dire pour te défendre ? »
Le troisième homme répondit : « Je ne suis qu’un pauvre homme. Je n’ai ni pouvoir, ni domestiques ni bétail. Je fais mes sacrifices aux dieux et j’ai éduqué mes enfants pour qu’ils les louent. Je respecte les lois des dieux et des hommes et je vis en suivant les principes de Maât. »
Alors, Anubis posa le cœur de l’homme sur un plateau de la balance sacrée de Maât et une plume sur l’autre plateau. Le cœur pur de l’homme était plus léger que la plume de Maât. Djehouty dit : « Sache que ni le pouvoir mortel ni les richesses terrestres n’aident les méchants à accéder à la vie éternelle à Aarou. Aucun mortel n’a de pouvoir dans le domaine des dieux et les dieux ont décrété que seuls les justes entreraient au Paradis ».
Alors, Djehouty enleva le cœur de l’homme de la balance et le tendit à Ausar en proclamant le jugement final : « Cet homme est un des justes d’Ausar. Les domestiques du premier homme et le bétail du deuxième homme deviendront la propriété de cet homme vertueux. Puisse-t-il vivre dans la paix éternelle au Paradis d’Ausar, l’Aarou ».